Rexistences

Actions civiques et solidaires pour une société plus juste

Mardi 24 Février 2009.

Nouvelles des philippines

Lettre 1

 Fevrier 2009. Deux mois aux Philippines sont passés, j'ai déjà mes petites habitudes. Au petit déjeuner c'est le taho, sorte de yoghurt à base de soja, que je peux acheter à l'un des trois vendeurs qui passent tous les matins. Facile, je sors avec ma tasse, il me la remplit et le tour est joué. Un peu après ou un peu avant, c'est la vendeuse de légumes et fruits que j'ai entendu annoncer son passage. Pourquoi pas une banane ou une mangue dans mes céréales avec le taho?

 

Pour ceux qui croient que Manille c'est bruyant et pollué, je ne peux pas complètement leur donner tort, c'est parfois assourdissant, ajouté à ça la chaleur qui monte et l'humidité, passer deux heures dans les transports publics c'est pas à faire tous les jours. Mais Manille, dans ses quartiers, comme dans le mien, a de très beaux 'mini-endroits verts' entretenus par ses habitants. 

 

 

 

J'ai la chance de ne pas être dans une rue très passante, donc c'est assez calme, sauf quand je  ne sais pas quel voisin, insomniaque ou souffrant de surdité, met la radio à fond à 3 heures du matin.  Comme je ne sais pas exactement d'où ça vient, j'utilise les boules quiess très précieuses de mon vol Air France. Il faut dire qu'ici, vu le climat, on n'a pas besoin de s'abriter du froid en construisant des murs très épais, des fenêtres qui ferment hermétiquement; c'est plutôt ouvert, donc la radio, c'est comme si c'était la mienne, comme si c'était moi qui l'avait allumée dans ma chambre. Sauf que je ne comprends rien à ce qui se dit quand c'est en tagalog. C'est pas encore demain que je vais pouvoir l'utiliser dans une conversation courante; pour l'instant j'essaie de faire mes achats au marché en demandant “combien ça coûte”? (magkano?) - “est-ce que vous avez du sel?” (May asin ba kayo?) et d'autres bredouillements de ce genre. Quand j'y arrive, c'est parfois la réponse qui reste incompréhensible à mes oreilles....bref c'est une expérience que de ne pas comprendre ce que les gens disent. C'est une motivation aussi pour apprendre, histoire de ne pas être à côté de la plaque éternellement.. Bon il y a quand même des personnes qui parlent anglais, alors c'est pas complètement la mer à boire.

 

 

 

Et dans le tagalog ils ont un certain nombre de mots empruntés à l'espagnol (300 ans de colonisation, ça marque) ou à l'anglais (les états-uniens ayant suivi les espagnols et ont toujours une grande influence dans le pays). Exemples: comment dit-on et écrit-on le mot 'cake'? Il se prononce la même chose, mais s'écrit 'keyk'. Pour la voiture, c'est l'espagnol qui surgit: 'kotse' ('ts' se prononce 'ch').

 

 

 

Bien, tout cela je peux en discuter avec ma colocataire, qui est philippine; c'est une alliée = bénévole qui en fait nous rejoint pour 6 mois avant d'aller vivre aux Etats-Unis. Au début du mois, elle nous a invités, avec d'autres volontaires d'ATD, à passer quatre jours dans sa famille, en province, dans un village. On  est parti pour Mindoro, une île juste un peu plus au sud de l'île de Luzon où est Manille.

 

 

 

Les philippins sont-ils connus de part le monde pour leur hospitalité? Il semble que oui. Quelque part à tel point que le père de Neneng, pour que la plupart d'entre nous puissent dormir dans un lit, a dormi par terre dans la cuisine. Ce n'était pas un problème du tout, c'était plutôt normal pour eux; juste à préciser que ce n'est pas exceptionnel que les gens dorment sur du dur, c'est pas comme l'Europe. Et c'est pas lié à une quelconque forme de pauvreté; Par exemple, ailleurs, j'ai acheté un lit, qui en fait me sert de banc au salon, fait de planches de bois, sur lequel, paraît-il on dort bien; J'ai pas testé je dois dire;

 

 

 

Bref, retour au village, au bord de la mer, une rivière y ayant son embouchure; parfais on a eu le choix entre l'eau salée et l'eau douce pour se baigner.

 

 

 

Premier jour, on se promène avec un des frères de Neneng qui nous fait découvrir les environs. On s'arrête là où des personnes sont en train de fabriquer des toitures à partir de feuilles d'un arbre qui pousse alentour. Et on arrive à une maison: des enfants montent aux cocotiers pour qu'on puisse goûter au jus et à la pulpe. Ici c'est tellement courant la noix de coco, il y avait juste nous les touristes qui étions fascinés;
Des journées dont les  repas sont composés de poissons, pêchés du jour, y compris si on voulait, au petit déjeuner, avec du riz;

 

 

 

Le deuxième jour, dans l'après-midi on est parti dans un autre endroit, chez des amis du  frère. Entre autres pour y arriver, une heure de bâteau, un petit bâteau, seul moyen de locomotion pour aller dans un village de pêcheur. On loge à plusieurs dans une cabane-maison sur pilotis. Les pêcheurs nous invitent à aller avec eux à la pêche le lendemain, départ 3 heures du matin. On est trois à y aller. On rejoint une trentaine d'hommes. Pendant 2 heures de temps j'ai eu l'impression que rien ne se passait, tout le monde dormait à bord,  mais quand  l'aube a commencé à se lever, en quelques secondes il y a eu un branle bas de combat, tout le monde était à son poste, des petites embarcations étaient un peu plus loin (voilà ce qu'ils ont fait pendant 2 heures..., ils se sont mis en  place, chaque embarcation à une place stratégique....) et depuis notre plus grand bâteau ils ont lancé le filet. Le bâteau a mis l'accélérateur, on s'est pris les vagues ce qui a bien fait rire les pêcheurs, et le bâteau a fait un cercle autour du banc de poissons. Puis ils ont commencé à le remonter à la force des bras. Des plongeurs de temps en temps regardaient si le filet était toujours bien disposé et entrainait les poissons avec lui. 150 kg ils en ont pris, une bonne pêche ont-ils dit. Rentrée au port à 9 heures, puis déjeuner (pour  les français), dîner (pour les suisses) avec poisson du jour, bouilli ou frit.
Conclusion: les Philippines sont magnifiques et le travail artisanal franchement, c'est mille fois plus beau que celui industriel.

 

 

 

Bon voilà quelques petites nouvelles de ma vie ici. Dans une prochaine lettre, je parlerai quand même de mon 'travail', raison première de ma venue ici, des rencontres avec des familles, enfants ou adultes vivant en grande pauvreté ici. 

 

 

 

Pour ce qui est des photos, celle de ma rue, vous pouvez la copier, l’agrandir, la mettre en poster dans votre chambre, la brandir dans la rue, c’est égal. Les plantes vivent mais n’ont pas réellement de visage à proprement parler. Pour celles sur lesquelles on voit des visages toute reproduction, diffusion s’appelle ‘interdite’, à part le mien, si vous voulez me postériser chez vous…

Bien a vous, 

Anne-Sylvie

 


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Anne-Sylvie | 15 h 05 | Rubrique : Lettres rexistantes | Màj : 04/03/09 à 01 h 08

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